Da berak deskiñ brezhoneg ? - Pourquoi apprendre le breton ?

Digor eo ar bajenn-mañ da destennoù a bep seurt gouestlet d'ar brezhoneg, Perak en deskiñ ? - Cette page est dédiée à des pièces de toutes sortes dédiées au breton, Pourquoi l'apprendre ?


Betek-hen n'eus nemet c'hwec'h pennad met o c'hortoz re nevez emaomp ! Il n'y a jusqu'ici que 6 articles mais nous en attendons d'autres !

Le dernier est de Tepod du Bro Leon qui a vu notre appel sur le site WEB et nous a fait parvenir son texte tout en breton (e brezhoneg penn-da-benn). Trugarez dezhañ !
"Perak em eus desket ar brezhoneg" digant Tepod. Klikit amañ - Cliquez ici !

- Testenn Kolina :

Ma mamm-gozh Soaz, a-berzh ma mamm, ma grand-mère du côté de ma mère, avait perdu la tête dans son grand-âge et passait l'hiver chez mes parents. Ma mère tenait un café près de la mer à Plouha; elle était réputée pour son écoute. Quand parfois les curés de Plouha (le père Marcel Caboco parmi eux) venaient boire un coup, ils s'adressaient en breton à ma grand-mère. Elle paraissait alors comme transfigurée.
C'était pour moi un grand mystère de voir cela. Arrivée au lycée, je m'étais renseignée pour suivre des cours de breton mais n'étais pas allée plus loin.
J'ai attendu 1992 et la création de Kalon Plouha pour m'y mettre pour de bon.
Grâce à des professeurs bénévoles, Mikael Kerrotret et Patrice Chevallier en particulier, j'ai percé le secret de ma grand-mère, et ce malgré le départ des curés bretonnants de Plouha.

- Testenn Marzhina :

Gabrielle ha Césarine, mes deux grands-mères chéries, vous qui m’avez parlé et chanté en breton, toute mon enfance, oui grand merci "Mémère" et "Nénène" !
Les bases étaient solides, mais quand on ne pratique pas on oublie ...
Aujourd'hui je retrouve peu à peu cette langue, qui n'est pas "ma yezh vamm, met memestra yezh ma mamm".
Ha surtoud yezh ma zud kozh !
Kenderc’hel a ran da zeskiñ ha derc’hel a riñ, a viskoazh, ha da viken !

- Testenn Mariannig :

Apprentie en deuxième année, je ne suis pas encore en mesure de m'exprimer en langue bretonne, mais je commence à pouvoir lire, écouter, et découvrir toute sa magie.
Originaire de l'Est, les péripéties de ma carrière m'ont conduite à Vannes dans les années 2000, et j'ai commencé de me rendre très régulièrement dans le Finistère, à Plonevez-Porzay.
Un de mes patrons, originaire de Bénodet, m'avait souvent vanté la beauté de la Bretagne. Il y avait un bateau qui s'appelait Eole. Un jour il était arrivé au bureau le nez cassé et le visage tuméfié. Naviguant en solitaire, il avait pris un bon coup de bôme !
C'était un fonceur, et pareil au boulot, il m'a appris énormément de choses et surtout à ne jamais renoncer.
C'est en son souvenir que j'ai décidé d'étudier la langue bretonne.
En outre, mon prénom m'y avait sans doute prédestinée.
J'apprécie énormément l'excellente ambiance de notre groupe d'apprenants à Kalon Plouha et la patience bienveillante de notre professeur.
Ce sont de nouveaux horizons qui se dévoilent, a travers des sons, des mots, des poèmes et des gwerz. Quelle découverte !

- Testenn Jakez :
Jakez : An hini a zalc'ho !

Pourquoi et comment j'ai démarré l' apprentissage du breton?
2014: année charnière pour moi: pré-retraite et déménagement en Bretagne terre de mes ancêtres. Des choix existentiels : y-a-t il une vie après la vie active ?
Une idée ou plutôt plusieurs idées me trottaient dans la tête.
Un grand-père et une grand-mère paternels (tad-kozh ha mamm-gozh e-berzh ma zad) nés à Brest ; un arrière-grand-père maternel (tad-kuñv a-berzh ma mamm) né à Lanrodec près de Guingamp et Chatelaudren ? Quoi de plus naturel comme introspection bretonne que de me plonger dans la généalogie et l'apprentissage du breton.
La généalogie n'a été qu' effleurée pour le moment mais, concernant le breton, alors que mes connaissances étaient inexistantes (les ascendants partis pour la plupart en région parisienne avaient abandonné la langue), dès mon arrivée à Plouha , en consultant le guide des associations, je suis entré en contact avec Kalon Plouha et démarré l' apprentissage du breton seulement quelques mois après mon installation. Une première année avec Philipe/Fulup dense , laborieuse ( «  labour » toujours «  labour »)mais pleine de moments de joie et de bonne humeur. Le défrichage d'un terrain vierge avec beaucoup de plaisir. Une suite avec Kolina pendant trois ans, autre méthode mais tout aussi sympathique.
Ensuite 2 ou 3 ans avec Daniel, une autre dynamique, une autre adaptation mais constamment une bonne ambiance.
Désormais avec le jeune Divi depuis cette nouvelle année scolaire ; là encore pleine d'entrain, d'humour et de bons moments .
Des doutes m'effleurent depuis le début quant à ma capacité à ingurgiter la langue de mes ancêtres mais toujours lissés grâce aux différents enseignants successifs et aux collègues/élèves. Je m' accroche, je tiendrai ( me a zalc'ho !).
C'est bien de ne pas rester dans la routine et, cerise sur le gâteau, depuis quelques mois, une rencontre/causerie hebdomadaire avec des bretonnants dans un café à Plouezec (Ploueg ar Mor). Quel accueil chaleureux et quelle bienveillance pour un néophyte comme moi : de l' aide quand je ne comprends pas bien et des découvertes d'histoires ou d'histoire au sens large. Et que dire de mes échanges avec les autres membres de mon cours avec Divi !
C'est encore difficile de m'imprégner totalement quand personne ne parle la langue dans mon entourage mais je m'arme de patience; le breton ne s'improvise pas, il se mérite mais que de découvertes, ne serait-ce que par les noms de lieux et leur signification. Allez, Yec'hed Mat !


- Testenn Fañchig a vez graet Mevel an Ti dioutañ! - Texte de Fañchig que l'on appelle Mevel an Ti (Valet de la Maison)!

Après avoir mis sur le site un premier texte correspondant à une expérience vécue en breton, un instant parmi d'autres, j'ai constaté que les contributions arrivées depuis dans cette rubrique étaient plus personnelles et directes. Il ne s'agit pas seulement de répondre à la question pourquoi apprendre le breton mais pourquoi j'ai appris le breton ? En complément de ce premier texte “SimoneWeilien” où le breton s'affirme par une présence naturelle et discrète dans un monde indifférent, la question revient: Pourquoi, moi, j'ai appris le breton ?
Cette question est encore une fois SimoneWeilienne. Le Sacré, ce qui nous fait nous tourner vers le Beau, le Juste, le Bien, est en chacun de nous et non dans la société. Apprendre le breton est donc une question éminemment personnelle
Les événements actuels en Nouvelle-Calédonie ramènent à ma mémoire les critères de l'identité canaque proposés à l'époque où je cherchais dans le Pacifique des courants marins favorables aux thonidés; avoir une grand-mère dans une tribu. Ce critère a conforté mon identité bretonne dans les années 80 !
J'avais bien une grand-mère née à Noyal-Pontivy dans une tribu bretonne qui fut anéantie durant la grande guerre. Lorsque son père fut démobilisé, sa femme et son fils étaient morts, et ses deux filles confiées aux religieuses qui recueillaient les nombreux orphelins de l'époque.
Un souvenir de misère noire de ma grand-mère qui contrastait avec la beauté et l'opulence des meubles que son père ébéniste avait réalisés de ses mains dans un style propre à l'avant-guerre. Il mourut peu de temps après.
J'étais donc breton selon la loi canaque. Mon épouse l'étant depuis des générations et des générations, notre faire-part de mariage fut rédigé en breton. Nous étions les premiers dans la famille à manifester un intérêt pour la langue. Peut être aussi les plus anti-guerre, les plus écolos.
J'achetais à 18 ans ma première méthode de breton à Plouha. Il n'y en avait qu'une, celle du père Visant Seïté. Le breton, langue aux références sacrées ! Ivonig o pediñ war bez e dad-kozh ! Yvonnic priant sur la tombe de son grand-père !
En 1992 Kalon Plouha était créée. Le breton et l'environnement étaient les deux pierres de fondation. Nous sommes toujours là et ceux qui tombent sont remplacés. Atav, Bepred, Dalc'hmat ! Toujours, Toujours, Toujours!

Un texte Simone Weilien sur la résilience. Re hir moarvat, re lennegel, ...Na petra ! Trops long certainement, trop littéraire, .... Na petra !
Istorioù 'n Ifig - Sentiñ, labourat ha Chom peoc'h ! Klikit amañ Cliquez ici !

Autre texte de Fanchig (troisième et dernier essai!)

Où il est aussi question de Simone, de mathématique, de Grothendieck , de Gwin-Zegal et d'Helgoland.

J'ai déjà abordé cette question du Pourquoi le breton, Da berak ar brezhoneg?, dans deux petits textes proposant des éclairages différents sur une vérité complexe. L'un traitait, dans une perspective Simone Weilienne, d'une cause diffuse ressortant d'un enracinement spirituel, alors que l'autre au contraire développait un aspect plus familial, un enracinement presque tribal.

Il doit être possible d'aborder cette question à un ordre encore supérieur.

Si le breton est d'importance pour les Bretons, il en est ainsi de la biodiversité et du climat au niveau de la planète. Autant d'éléments qui sont soumis aux mêmes effets d'un comportement pour le moins négligent, un comportement qui ne porte en vérité attention à rien. Je me permettrais une digression à propos du sujet du changement climatique qui pourrait avoir une vertu pédagogique essentielle. Il peut permettre à l'homme de concevoir qu'il est possible de changer, même pour des entités marine, terrestre, et atmosphérique gigantesques. Alors, pouquoi ne pourrait il pas lui aussi changer ? Même un tout petit peu ? un tout tout petit peu ! Fin de la digression.

On peut cependant penser que davantage d'humilité, compensée par une puissante volonté de poursuivre la recherche scientifique et mathématique, pourrait nous mener sur une voie meilleure. On rétorquera à juste titre que seul comptera l'usage qui sera fait de ces connaissances nouvelles. La bonne application sera encore une fois une question d'attention. Cependant la démarche de la science est en elle-même positive, indépendamment des résultats, car créatrice de remise en cause et d'incertitude. Simone Weil nous révélait avec finesse la subtilité de la mathématique qui dévoile peu à peu dans ses progrès “la douceur qui est l'essence même de la brutalité de la matière”. Elle s'inquiétait déjà d'une dérive des mathématiciens de son époque, y compris de son frère André, vers une mathématique d'équations algébriques, mécaniste, une sorte d'intelligence artificielle mise au rang de science. Une science où il n'y aurait plus de place pour “l'intuition, le rêve et la vision”. Ces trois derniers termes sont du grand mathématicien Alexandre Grothendieck qui réfonda la géométrie algèbrique dans les années 1960 avant de claquer la porte aux sciences de son temps et de se retirer du monde. Ils expriment parfaitement ce qui est si précieux aussi à l'esprit de Simone Weil et risque de manquer à l'humanité.

Et le breton dans tout cela ? Distro da Win-Zegal. Retour à Gwin-Zégal.

Si j'insiste tout d'abord sur la mathématique c'est que celle-ci est première à mes yeux dans l'ordre de l'esprit. Pour reprendre les propos de Simone Weil, elle aborde au delà d'une dureté apparente la douceur de l'essence de la matière. La mathématique ne progresse réellement qu'à travers les “Visions” d'un esprit humain à un moment de l'histoire. Cette vision complexe peut se présenter sur un socle stable placé au milieu de la tempête, comme une roche jetée en Manche ou en mer du Nord. Dans son livre “Helgoland”, l'ïle sacrée, Carlo Revelli relate la découverte des équations matricielles de la mécanique quantique par Heisenberg en juin 1925. Il cite le jeune physicien. « Il était environ trois heures du matin lorsque le résultat de mes calculs apparut devant moi. Agité, je quittai la maison et me mis à marcher dans la nuit. Après avoir grimpé au sommet d’un rocher surplombant la mer, j’attendis le lever du soleil. J’étais profondément troublé. J’avais la sensation de regarder, à travers la surface des phénomènes, vers un intérieur d’une étrange beauté. ». Cette vision est semblable à celles de Grothendieck ou de Simone Weil. Elles sont une attention portée à l'essentiel, à un point de convergence des forces de la nature. Lorsque l'on a eu la chance de ressentir à un moment donné dans sa vie la puissance et la profondeur poétique d'une vieille langue, que ce soit l'occitan ou le breton, alors on comprend ce qui a été à l'origine des découvertes de Heisenberg ou de Grothendieck.

Tout cela est à conserver ou une source d'inspiration va encore se tarir. Da hesk ec'h afe mammenn an awen ?